Curieuses comme vous l'êtes, vous vous demandez sans doute pourquoi nous étions pressées hier. Voici la réponse. Ensuite je vous rends visite et je réponds aux commentaires.
Un dimanche chez des copines, malheureusement pas la neige au bon endroit, et on a pu rentrer pour se mettre au boulot ce matin. Pourquoi faut-il que les intempéries soient toujours pour les autres ?
On arrive en fin de matinée. Pas une tête à être en retard pour l’apéro, la Jo. Et l’apéro s’accompagne de bricoles salées qui vous donnent soif. Evidemment, notre boule de poils réclame sa part du butin, et reste collée à nos basques.
« Arrête Roxy ! Je te jure, les copines vont finir par croire qu’on ne te nourrit pas. »
Je crois qu’elle en a rien à foutre de notre réputation. Comme elle n’obtient pas gain de cause auprès de ses mamans, la garce se tourne vers nos hôtesses qui, bien entendu, se laissent attendrir.
« Comme elle est mignonne », « tiens ma belle », « tu veux une caresse ? »
Croyez-vous ! Notre bestiole se retrouve la gueule pleine de gâteaux secs au point que ça déborde de ses babines, et sur le dos à geindre de bonheur devant l’abus d’affection. Arrive l’heure de passer à table, et de mettre en pratique la bonne éducation que nous tentons avec tact de lui inculquer.
Le temps de l’entrée se passe tranquillement. On prend notre temps, on papote, tout va bien. Même ma tite Sonia se laisse tenter par un verre de rosé, elle qui ne supporte pas le vin. Ce n’est pas tout à fait vrai, que je vous explique.
Ma douce adopte un comportement sain vis-à-vis de l’alcool. Pas d’abus dans la prise ni dans l’abstinence. Elle peut boire un ou deux whiskys (légers avant de manger), quelques bières dans l’après-midi (quand il fait chaud), sans se rendre malade. Le problème, c’est le vin. Un verre, et la voila qui part dans un délire verbal, monopolise la conversation, et n’hésite pas à couper la parole.
Après l’entrée, le poulet rôti. Alors Roxy la sage redevient Roxy la morfale.
« On a compris, t’aime pas les crudités, mais la viande ça passe tout seul, n’est-ce pas ? »
Et ça recommence : les copines cèdent à ses caprices, Sonia se marre, et moi je rouspète pour rien. Et plus je rouspète plus Sonia rigole, plus les copines se fendent la poire de passer outre, plus la chienne profite de la situation.
L’après-midi on squatte le salon devant la télé, car le temps ne permet pas de s’évader dans le jardin. On se laisse charmer par « Les choristes » et la voix de cristal du gamin dont j’ai oublié le nom. Vers 16 h 30, thé et café sont servis sur la petite table, avec une boîte de petits gâteaux. Avec tout ce qu’on mange chez les copines, je m’étonne qu’elles conservent une taille normale. Ou elles se mettent au régime dès qu’on a le dos tourné.
Mon chaton et moi on est collées l’une à l’autre dans un fauteuil, et nos hôtesses délirent dans le canapé. Vous connaissez la technique : l’une prend un gâteau du bout des lèvres et le fait déguster à l’autre. S’en suit un inévitable baiser.
Alors Roxy, que tout le monde avait oubliée, saute pour attraper ce bout de farine sucrée au moment où les bouches de nos copines allaient se rejoindre. Par chance, les mâchoires se referment dans le vide car elles ont eu juste le temps de se reculer.
Pour le coup, les rôles sont inversés : les copines restent coïtes (à se demander dans quel état elles seraient si la chienne avait réussi), Sonia se fâche (un peu tard), et moi je rigole. Ce n’était pas faute de les avoir prévenues. On ne doit jamais plaisanter avec l’éducation d’un enfant. Surtout quand cet enfant a de grandes oreilles qui traînent partout, un poil roux brun agréable au toucher, et des dents qui se fortifient plus vite que le cerveau.